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vendredi 19 juin 2020

Eléments sur la mortalité contre les fables

Petit point sur la mortalité, pour remettre quelques fables pour enfants, largement répandues, à leur place :
  • il s'agissait d'une pandémie digne d'être comparée à la grippe dite espagnole de 1918-1919
  • notre pays a fait tout ce qu'il fallait pour y répondre
  • le confinement a sauvé des millions de personnes

Bien. 

Voici le nombre de morts dans le monde : ici. La prudence doit être totale par rapport aux chiffres attribués au Covid-19, tant sur le nombre de cas (question de la fiabilité des tests, et disparité des politiques de tests selon les pays ou au cours de l'épidémie) que sur le nombre de morts (morts attribués au Covid-19 alors que ce n'est pas forcément le cas, et inversement, morts à domicile passés inaperçus). Par ailleurs, le nombre de facteurs influant est tellement important qu'il est difficile d'en tirer une analyse cohérente.


Tout de même : les 10 pays qui comptent le plus de morts par million d'habitants sont tous des pays "occidentaux" : Europe et Etats-Unis. Il faudra du temps pour faire la part des choses (pyramide des âges, densités de population, modes de vie, stratégies politiques et sanitaires, etc.), mais il est pour le moins incongru de se féliciter d'être les moins performants au monde.

Au classement de la létalité (nombre de morts sur nombre de cas), il semble que la France puisse carrément crier "Cocorico!" même si le Yémen la concurrence. Mais ceci est trop dépendant de la politique de tests pour être vraiment pertinent : si on ne teste personne, on arrive à 100% de morts évidemment. C'est toutefois un bon indicateur de la faiblesse de la réaction politique. 


Pour la France : sont annoncés à ce jour 29 410 morts dont 19 126 en hôpital. Il est intéressant de comparer avec l'Allemagne qui affiche 8 008 morts, tout en ayant des facteurs démographiques a priori plus propices à une forte mortalité (plus grande part de +65 ans, plus forte densité). La France compte donc 4,3 fois plus de morts que l'Allemagne, et si le pays avait été aussi performant que l'Allemagne, ce sont 22 577 morts qui auraient été évitées. Si on est plus sévère et qu'on compare avec la Corée du Sud, pourtant frappée avant nous, et ses 277 morts : la France compte 83,4 fois plus de morts, et avec un niveau de performance équivalent à la Corée du Sud, ce sont 29 058 morts qui auraient été évitées en France. Vous remarquerez qu'aucun Décodeur du Monde n'est arrivé pour questionner la "fake news" présidentielle sur la bonne gestion de la crise. Mais tout va bien, puisque la seule arme gouvernementale dans cette crise, à savoir le paracétamol, va voir sa production relocalisée (elle, mais pas les autres), ce qui nous permettra d'être aussi performants la prochaine fois.


Pour autant, malgré une stratégie déplorable dont les causes sont pour certaines anciennes (destruction de toute capacité industrielle, destruction de l'hôpital public, ...), et pour d'autres plus actuelles (composition du conseil scientifique, choix d'une stratégie de grands essais pour valider un médicament fantôme au détriment du soin, confinement aveugle inefficace, ...), y a-t-il eu en France une surmortalité qui justifie (au moins a posteriori) à la fois la campagne de peur médiatique et les mesures inédites adoptées sans preuves et assurément destructrices ? 

D'après les chiffres publiées par l'INSEE, nous avons du 1er janvier au 31 mai 289 911 morts en France. Là, il faut faire un petit travail par rapport aux mortalités des années précédentes pour comparer ce chiffre à celui d'une mortalité attendue (en fonction de l'augmentation de la population, et en fonction de l'augmentation de la mortalité quasiment 3 fois plus rapide que la première). Cela donne comme résultat une surmortalité pour cette période de 7,67%, soit 20 660 morts en plus qu'attendues. Ce qui signifie que si nous avions su réagir au niveau de l'Allemagne, il n'y aurait aucune surmortalité en France par rapport à ce qui était attendu sur la période janvier-mai 2020. Rappelons qu'au niveau mondial, nous en sommes à 433 000 morts, ce qui est beaucoup, mais reste dans les estimations de l'OMS concernant le nombre annuel de victimes de la grippe saisonnière (très faible cette année, qui peut aller jusqu'à 650 000 morts). Nous sommes loin des modèles apocalyptiques qui prédisaient des millions de morts et qui ont servi de justification à des politiques inédites et basées sur aucune preuve scientifique d'efficacité. Des modèles qui se justifient eux-mêmes dans des articles plus proches de la magie que de la science, mais qui sont pourtant publiés dans la revue Nature. On ne trouve pas de "zététiciens" ni de champions de l'esprit critique pour analyser ce genre de supercherie affublée d'un prestigieux label "scientifique". 


Dernier point sur l'efficacité du confinement justement : 
  • il est intervenu alors que le pic de mortalité était déjà virtuellement dépassé au 11 avril (entre l'infection et l'arrivée à l'hôpital, il y a environ 6-14 jours, et encore 18-19 jours en moyenne avant la mort, et souvent plus longtemps comme l'indique la courbe de mortalité à décroissance lente)
  • contrairement à un confinement dont on pourrait supposer une utilité (à la Chinoise : transports en commun fermés, on livre les repas, on teste les gens tous les jours, masques pour tout le monde dehors), il a surtout consisté ici à empêcher d'aller en forêt ou sur une plage déserte (risque de contamination = 0) tout en laissant les lieux type métro où le risque est le plus fort ouverts (sans masque et sans test donc avec des gens contagieux qui l'ignorent). S'il a pu réduire le nombre de contacts, il n'est pas du tout certain qu'il l'ait réduit d'un facteur plus important qu'il n'a augmenté la probabilité de transmission entre personnes confinées (chez elles, dans le métro, etc).
  • dans plusieurs pays, les travailleurs essentiels donc non confinés ont été moins infectés que les travailleurs "non essentiels" donc confinés
  • de 40 à 70 % de la population aurait été immunisée avant même le début de l'épidémie (immunité croisée, notamment pour les plus jeunes exposés à d'autres coronavirus) et aurait donc été confinée pour rien
  • il est strictement impossible de placer sur n'importe quelle courbe épidémique de n'importe quel pays une date où on trouve un impact du confinement : il n'y a aucun infléchissement de courbe, ni au moment du confinement, ni au moment du déconfinement. Il n'y a que des courbes classiques, plus ou moins étalées, que les pays aient confiné un peu, beaucoup, pas du tout, à la folie, tôt ou tard. 
  • il faut donc autre chose pour en mesurer l'impact que des incantations magiques du style : "nous avions prévu des millions de morts, elles n'ont pas eu lieu, c'est grâce au confinement". C'est plus probablement parce que vos prédictions étaient fausses. Rien n'ayant jamais été apporté comme preuve d'efficacité d'un confinement aveugle, c'est aux confineurs de prouver ce qu'ils avancent et pour le moment, nous ne voyons rien venir.

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