Afficher On pense avec les pieds sur une carte plus grande

lundi 30 mars 2020

A faire et à ne pas faire

Pour celles et ceux qui ne savent pas quoi faire, les médias offrent un guide de ce qu'il est bien ou mal de faire. Vous verrez, c'est assez simple. Le critère est le positionnement de l'activité sur l'axe reliant la Science et la Démocratie d'un côté, et le retour de la Bête Immonde de l'autre.


Des activités parfaitement saines :
  • placer, aussi souvent que possible, une petite pique sur les "millions d'épidémiologistes des réseaux sociaux". A bon compte, on s'assure les moqueries des quelques auditeurs restants, sur le dos de ces gueux qui se permettent de donner leur avis. Ces chers journalistes ne comprennent pas (mais il faudrait au moins le signaler aux "auditeurs restants") que personne n'entend prendre la place des épidémiologistes, mais la place de citoyen, je répète : de CITOYEN, c'est-à-dire finalement la place que se sont réservée les "élites" politiciennes et journalistiques de pouvoir faire le débat politique. Le temps et le processus de la découverte scientifique nous sont étrangers, pas la stratégie qu'il convient d'adopter face à une crise. Il n'y a pas d'étude scientifique randomisée en double aveugle prouvant l'efficacité d'un traitement, quel qu'il soit : ça n'empêche pas de devoir prendre une décision, en mode disons "dégradé", où toutes les informations ne sont pas disponibles, où il y a une part de risque, à évaluer en regard des bénéfices attendus. Décider ou non d'un confinement, de sa durée, de tester des traitements "prometteurs", sont des questions politiques, et s'il est judicieux de consulter des épidémiologistes avant de prendre ces décisions, il n'y a pas besoin d'être épidémiologiste pour les prendre.
 
  • alimenter la tarte à la crème de la "théorie du complot". C'est tout à fait complémentaire : regardez-moi ces manants qui se croient autorisés à penser, regardez comme ils pensent mal, ce ne sont que fake news et conspirationnisme. On a notre Rudy Reichstadt préféré qui doit profiter du confinement pour scruter d'obscurs forums et fabriquer un gloubi-boulga invraisemblable de réflexions aberrantes, de questionnements plus ou moins légitimes, pour tout ramener à Didier Raoult en passant par la Lorraine avec ses gros sabots et surtout par les partis d'extrême-droite. Et paf! de la chloroquine à l'antisémitisme, il n'y a plus qu'un pas. Notre fin limier se décontenance-t-il en découvrant que les promoteurs publics de Raoult sont BHL, Alain Bauer ou Christian Estrosi, c'est-à-dire les 3 derniers vainqueurs du championnat de France de la défense zélée d’Israël? Pas du tout, cela prouve simplement que la populace est incohérente et encore plus abrutie qu'on ne le pensait. Au fait : quel complot? On ne sait pas peu importe on s'en fout dès que les gueux pensent ils pensent complot que leur gourou entend déjouer.
 
  • pointer l'irresponsabilité de la brebis galeuse. J'aime bien cette activité, je l'avoue, à cause de son haut niveau d'absurdité. Les médias, par leur puissance d'investigation hors du commun, ont trouvé un débile ayant ingurgité une pastille normalement destinée à l'aquarium de sa carpe, au prétexte que la pastille contenait de la chloroquine ou de la poudre de perlimpinpin on ne sait pas, et comme Trump a dit que Raoult a raison (attention, nous avons là un magnifique combiné de deux brebis galeuses au carré). Voilà bien la preuve qu'il ne faut pas donner d'espoir aux gens, c'est irresponsable! En revanche, il est tout à fait responsable de les angoisser à longueur de journée, de semaines, de mois, de manière tout à fait irraisonnée. 


 En revanche, les activités illicites et ô combien scandaleuses :
  • dénicher les conflits d'intérêts. Je n'ai rien contre Yazdan Yazdanpanah, que je ne connais absolument pas, et qui est peut-être tout à fait compétent, sympathique et honnête. En revanche, je trouve pour le moins curieux que ce monsieur coordonne l'essai Discovery (naviguez sur le site mis en lien par slate.fr, mais vous risquez très vite d'attraper un mal de mer capitaliste assez virulent, bon bref), en proposant trois traitements "prometteurs" des laboratoires Gilead, AbbVie, et MSD. Et alors me direz-vous? Et alors M. Yazdanpanah est lié par des rémunérations, avantages et/ou conventions à ces 3 laboratoires (source : Transparence Santé). Tout cela est légal (malheureusement? c'est une autre question), courant pour ne pas dire la règle (malheureusement? c'est une autre question), et n'est pas caché. Peut-être également que les traitements choisis pour cet essai porteront leurs fruits et sont tout à fait pertinents, ce n'est pas la question. Mais qu'y a-t-il de difficile à comprendre avec cette idée de conflit d'intérêts? Quand bien même M. Yazdanpanah aurait toutes les qualités du monde, sa situation personnelle fait que sa neutralité peut être mise en cause. Vous me direz, il ne peut pas partir puisqu'il serait sans doute impossible de lui trouver un remplaçant qui ne soit pas lié à des labos, ce qui confirme le problème. Qui ne comprend pas que cet exemple parmi tant d'autres alimente la défiance ? Pourquoi aucun de ne grands pourfendeurs de "théories du complot" ne vient s'offusquer d'une telle situation? Pour un conflit d'intérêts établi, combien de "théories du complot" naissent? Juste une hypothèse : les journalistes étant eux-mêmes en position de conflit d'intérêts, puisque payés par des banquiers et/ou des marchands d'armes alors qu'ils s'imaginent être un contre-pouvoir au service de la démocratie, ils doivent bien sentir qu'il est risqué pour eux de s'aventurer trop fréquemment sur ce genre de terrain.
 
  • Couper les oignons. Il n'y a pas que Raoult, il y a d'autres médecins qui sévissent sur les réseaux sociaux, dont de dangereux phénomènes qui préconisent de manger de l'ail, voire comme le faisait leur grand-mère de couper un oignon et de le mettre à côté de son lit. Ceci est extrêmement dangereux et nécessite en effet l'intervention immédiate des Forces Spéciales, qui produisent vidéos, désintox, décodex, tout ce qui est de rigueur. Ouf! On échappe ainsi à un véritable génocide d'oignons. Imaginez par ailleurs qu'après s'être mis à manger de l'ail, ces pauvres bougres commencent à réfléchir à leur alimentation! Enfer et damnation! Ça se saurait si l'alimentation avait une influence sur la santé.
 
  • Oublier les banlieues. Attention, les médias ne trouvent plus autant de place pour parler de l'islam contre-attaque, des dangers de la radicalisation, tutti quanti. Ils marquent toutefois de leur affection les banlieues en leur rappelant qu'ils ne les oublient pas : chaque occasion de montrer que les banlieues ne respectent pas le confinement, et viennent jusque dans nos bras pour contaminer nos fils nos compagnes, chaque occasion est bonne.  En revanche, il ne faut surtout pas sombrer dans l'islamo-gauchisme, en se lançant dans des hypothèses qui tendent à comprendre ces odieux personnages, et qui commence à comprendre finit par excuser. N'allez pas imaginer, par exemple, que les banlieusards, au contraire des 20% de parisiens qui ont pris la poudre d'escampette vers leur maison de campagne, sont confinés pour de bon et ils ne peuvent pas, comme je peux par exemple le faire, aller faire un tour quotidien dans la nature. La question sociale rend plus ou moins facile le confinement, mais laissez ça aux sociologues.


vendredi 27 mars 2020

Trouver l'abeille!

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George Catlin, Buffalo Hunt Under the Wolf-Skin Mask (1846-1848)

Je viens de terminer la lecture du livre de Baptiste Morizot : Les diplomates, Cohabiter avec les loups sur une autre carte du vivant. Je ne peux que le conseiller à la lecture. Je ne sais pas bien pourquoi j'ai attendu trois ans pour le lire ; peu importe, et j'ai lu Sur la piste animale entre-temps. 


Ce livre est passionnant par le recul qu'il prend sur un sujet qui justement exalte les passions entre un camp pro- et un autre anti-. Que ce recul raisonnable pour ne pas dire philosophique, débouche sur une solution aussi inattendue que convaincante, voilà qui rend ce livre encore plus important. Encore une fois, c'est en posant les questions, même et surtout celles qui paraissent les plus inutiles, celles déjà tranchées dans le sens commun, qu'un changement de regard parvient à s'opérer, et on le sait que le point de vue fait l'objet.


Je tire beaucoup de choses de cette lecture. Prenons les choses livre refermé, dans l'ordre de la mémoire, et voyons si cela mène quelque part. 


Le loup n'existe pas. Il n'y a pas un loup, il y en a plusieurs. Il y a des loups fantasmés, qu'on pourrait placer quelque part dans une opposition binaire entre le monstre mangeur d'Homme et le grandiose symbole de la vie sauvage. D'accord. Mais ces loups fictifs, sont certes le produits de nos relations avec le monde vivant ; mais ces relations font les loups réels aussi. Aucun loup n'a lu Le petit chaperon rouge et n'est influencé par cette image comme un enfant d'Homo sapiens aujourd'hui rêverait de devenir Kylian Mbappé. Mais notre relation au monde vivant produit des animaux, une certaine forme d'animaux. Morizot raconte que le loup n'est pas mangeur d'Homme en Amérique ; mais que de nombreux cas d'attaques sont établis en Europe. La même espèce Canis lupus se comporte donc de façon différente selon les continents. Morizot de détailler comment par exemple au XVIIe siècle, les cadavres laissés sur les champs de bataille ont pu offrir une nourriture aux charognards, et instaurer une nécrophagie comme première étape à une future anthropophagie : les loups se sont habitués à la chair humaine, dans un comportement qui leur est inconnu par ailleurs. Il raconte comment la "Bête" a par trois fois été inventée (notamment dans l'épisode du Gévaudan). Conclusion : pour répondre à notre problème aujourd'hui, il faudrait comprendre dans quelles situations les loups se retrouvent à attaquer les troupeaux domestiques, et, puisque ce n'est pas le cas partout, dans quelles situations cela n'est pas le cas. 


Faire de la diplomatie. Encore faut-il prendre la mesure de ce qu'il entend par diplomatie, dans un cheminement qui veut faire passer d'un modèle de la souveraineté humaine sur les autres espèces à la recherche de mutualismes écologiques, non pas angéliques, toujours faits de conflits, mais où il s'agit pour l'humain de piloter la biodiversité pour "trouver l'abeille". Cette expression, il la tire d'un exemple Kenyan où les paysans étaient confrontés au problème des éléphants qui occasionnaient des dégâts dans les cultures. La solution trouvée a consisté en la mise en place de barrière d'abeilles mellifères locales, dont les éléphants ont peur. Quand on compare cette attitude à celle consistant à nourrir les sangliers (mais ailleurs) pour éviter qu'ils n'aillent saccager les cultures, avec pour résultat la prolifération des-dits sangliers et par conséquent des dégâts, on mesure le chemin à parcourir. 


Quelques points fondamentaux du livre
  • le pistage comme processus d'hominisation. En devenant chasseur, il a fallu affronter la concurrence de prédateurs beaucoup plus forts, et se spécialiser dans la poursuite au long cours d'ongulés dont les capacités à supporter l'hyperthermie à longue échéance sont plus limitées. Pour cela, il a fallu être capable de courir longtemps et surtout dans la bonne direction donc de pouvoir déchiffrer sur le terrain les indices de présence, là où les autres prédateurs ont l'odorat ou la vue depuis le ciel. Il a donc fallu se mettre à élaborer des hypothèses, et tenir un raisonnement spéculatif... autrement dit une méthode d'enquête pour ne pas dire scientifique... Plus tard, avec l'élevage, ces capacités ont pu être allouées à d'autres choses que le pistage : art, mathématiques, philosophie, etc. "La dopamine serait l'hormone, non du plaisir, mais de la quête." (p. 224)
  • un renversement, non pas du darwinisme, mais des lieux communs sur Darwin et la théorie de l'évolution, souvent réduite à la survie des plus forts. Morizot revient à ce que Darwin disait lui-même pour placer les choses en termes de dépendances plutôt que de performance. "On dit qu'une plante au bord d'un désert lutte pour vivre contre la sécheresse, alors qu'il faudrait dire en des termes plus propres qu'elle dépend de l'humidité" (p. 260). C'est plutôt de la qualité des relations à la multiplicité de partenaires vivants ou non que l'aptitude à survivre dépend, plutôt que de la performance de l'individu contre d'autres. Cette conception permet aussi de revoir la notion de "nuisibles", car ce qui peut être nuisible à une échelle de temps (un loup qui tue un cerf), peut être parfaitement utile (en empêchant par exemple les cerfs de proliférer, de tuer la forêt et donc les cerfs) à une autre échelle de temps. C'est un éclairage important dans notre relation aux loups. Mais aussi à nous-mêmes, avec le rappel par Morizot des travaux des épidémiologistes (c'est de saison) Wilkinson et Pickett (voir ici), lesquels montrent que la pauvreté des autres amoindrit la qualité de vie des riches : autrement dit, dans une relation de domination, le dominé souffre d'accord, mais le dominant aussi. Le travail diplomatique étant de faire comprendre ça aux dominants (et aux dominés) ?
  • les loups ont une forte capacité d'apprentissage, puisqu'il y a des cultures de chasse différentes selon les meutes, et aussi que les meutes sont prises dans des rapports pour ainsi dire géopolitiques entre elles, à l'interstice desquels nous pouvons nous glisser pour faire comprendre aux loups quelles sont les limites à ne pas dépasser.

De tout cela, on peut tirer qu'il est possible de négocier avec les loups (cf. également les travaux de J.-M. Landry à ce sujet). Possible parce que nous savons le faire, nous avons les capacités d'empathie pour nous mettre à la place des loups, quand bien même cela nous demanderait un réapprentissage de savoir observer et de déplacer son regard. Possible parce que les loups sont capables d'apprendre.


C'est possible, et c'est souhaitable. Pour qui? pour tout le monde. D'abord et en premier lieu pour ceux qui souffrent de ce retour des loups : ceux qui vivent du pastoralisme. C'est un véritable point noir chez les défenseurs du loup de ne pas prendre suffisamment en compte que le loup occasionne des dégâts et que ceux qui en supportent tout le poids, ce ne sont pas les défenseurs du loup. Il est problématique que ce soient ceux qui y sont le plus opposés qui doivent fournir tous les efforts pour que la cohabitation fonctionne. C'est problématique mais c'est aussi la meilleure solution. Le jour où le monde pastoral défend la présence du grand prédateur, ce sujet-là sera épuisé. Il ne reste qu'à créer les conditions de possibilité, c'est-à-dire faire en sorte que les politiques de conservation de la biodiversité profitent effectivement en premier lieu aux populations locales, et c'est loin d'être le cas actuellement. 


P.-S. : La couverture du livre, reproduction du tableau de Catlin ci-dessus, vaut le détour. Que font ces bougres d'ahuris déguisés en loup pour tenter de s'approcher de bisons? L'attaque du loup étant déclenchée par le stimulus de fuite de l'ongulé, il s'avère pour les bisons que la meilleure stratégie face au loup est de rester stoïque ; alors que les bisons savent que face aux bipèdes, il vaut mieux prendre la poudre d'escampette. Ainsi déguisé, le chasseur peut donc approcher plus facilement les bisons et atteindre plus facilement sa cible avec son arc. Compétence de diplomate naturaliste : ils ont trouvé l'abeille.

samedi 21 mars 2020

Bouffonneries

Orchis bouffon une autre année
Lors de ma petite sortie quotidienne (d'un kilomètre ou deux, rassurez-vous ; mais je n'avais pas mon auto-autorisation signée), j'ai pu constater que les Orchis bouffons n'étaient pas encore de sortie (j'en ai vu quelques photos traîner ces derniers jours, alors ça se tentait). En revanche, la bouffonnerie elle est bien de sortie. On peut lire dans la presse une bonne nouvelle : jamais Macron n'a été aussi populaire à 51% d'opinions favorables. Je ne sais pas quelles populations de coronavirus ils sont allés sonder, mais c'est extraordinaire. Enfin passons. Nous sommes comme des lions en cage, mais enfin il y a pire. 



Tout de même, on pense avec les pieds et on tourne en rond.




C'est vrai que la gestion de cette crise est en tout point remarquable.



Savoir raison garder
Le discours produit depuis des mois est parfaitement anxiogène : on agite la peur et on ne fait rien. Pour remettre les choses à leurs places, les maladies respiratoires ont tué 2,6 millions de personnes dans le monde en 2019, selon le Pr RAOULT. On en est à 10 000 morts dans le monde par le Covid-19. Même en multipliant ce nombre par 10, et en admettant qu'aucun de ces morts ne serait mort de l'un des 19 autres virus respiratoires en circulation (ce qui me semble pour le moins improbable) on atteindrait environ 3% de mortalité de plus qu'une année normale. C'est évidemment dramatique, mais comment les médias pourraient-ils couvrir ces 2,6 millions de morts proportionnellement à ce qu'ils font pour le Covid-19 ? C'est impossible.

Oh la belle exponentielle
On nous bassine par ailleurs avec des prévisions, qui utilisent systématiquement le terme "exponentielle", qui en lui-même fait déjà peur à tout le monde (c'est des maths), et qui permet d'aboutir à des nombres de morts effrayants improbables, et bientôt pourquoi pas supérieurs au nombre des vivants. L'avantage, si on veut faire peur, c'est qu'on peut facilement instiller ce genre de courbe ci-contre dans la tête des gens : c'est vertigineux comme ça monte vite, et surtout ça ne redescend jamais. Or, ce n'est pas la réalité, d'abord parce qu'on ne sait apparemment généralement qu'à la fin si la phase de croissance de l'épidémie était exponentielle ou linéaire, et ensuite parce que la courbe finit par prendre la forme d'une cloche et redescendre. Mais, à lire et entendre "exponentielle" toute la journée, tout le monde flippe. De la à se ruer dans les magasins ou se jeter sur le premier médicament qui tombe...



M. Pierre-Yves BOELLE présente dans un article la dynamique des épidémies, et l'utilisation du modèle S-I-R. Nous le public, sommes-nous capables de comprendre ça ? Je le crois. Mais allez trouver ne serait-ce qu'une tentative de médiation sur ce sujet.

Face à une maladie, on peut :
  • S : être Susceptible de la contracter
  • I : être Infecté
  • R : être Retiré (guéri, isolé, décédé)
Tout se joue donc dans les relations entre S et I, et la probabilité pour I d'infecter S. Les paramètres qui entrent en jeu sont le taux de contact, la probabilité de transmission, et la durée de la phase infectieuse, qui définissent un taux de reproduction de la maladie R0. Et là, c'est assez simple :
  • Si R0 > 1, chaque infecté contamine plus d'un susceptible et la maladie se répand
  • Si R0 < 1, chaque infecté contamine moins d'un susceptible, et la maladie se rétracte

Si on ne faisait rien pour juguler l'épidémie, on arriverait plus ou moins rapidement à 50% de la population infectée, et à ce stade, l'épidémie commencerait à diminuer pour s'éteindre quand 75% de la population est infectée. Pour la France, 75% de 70 millions d'habitants, ça donne 52,5 millions de personnes infectées. Comme il semble que 2% des personnes infectées par le Covid-19 meurent (sauf en Italie), cette stratégie pourrait causer la mort d'environ 1 million de personnes. Donc, c'est la catastrophe.

Le chiffre de 2% paraîtra peut-être un peu faible au regard de ce qui est annoncé selon les pays (3-4%) ; et aussi parce qu'en cas d'emballement, le système hospitalier peut être dépassé et ajouter un surcroît de mortalité. Mais il est certainement au contraire largement surestimé : selon les estimations, et puisque le dépistage massif n'est pas du tout à l'ordre du jour, il faut multiplier par 30 à 100 le nombre de cas déterminés pour avoir le nombre de cas réels. Prenons l'hypothèse basse et multiplions le nombre de cas déterminés par 30, on tombe à un taux de mortalité de moins de 0,1%, et donc un peu moins de 50 000 morts. Et on passe à un prévisionnel à 10 000 morts si on accepte l'hypothèse haute à savoir que pour 1 cas déterminé il existe 100 cas réels. Ce n'est déjà pas la même chanson, et répétons-le : c'est un total de morts si on ne fait rien.


Mais, on (devrait plus agir) agit sur les paramètres du taux de Reproduction R0. J'ai trouvé (mais ne remets hélas pas la main sur la source pour le moment) un simulateur intéressant (censuré lui aussi sur Facebook?). J'en ai donc refait un que je partage ici, en me basant sur les souvenirs que j'ai des chiffres qu'il avait adopté (si quelqu'un retrouve le simulateur original, je serais ravi de pouvoir rendre ici à César ce qui etc.). Il permet de voir comment l'action sur l'un des trois paramètres peut réduire de manière considérable par des effets de seuils, le nombre de victimes. Il n'a pas vocation à être exact (bien au contraire), simplement pédagogique sur l'importance de ces leviers qu'on peut actionner. Dans la configuration choisie, il prévoit 1728 morts à 3 mois.
  • Réduisons simplement le nombre de contacts de 25 à 15, et on tombe à 247 morts
  • Ou, diminuons la probabilité de transmission à 0,1% et on passe à 162 morts
  • Ou, au contraire, augmentons le nombre de contacts de 25 à 45 et on arrive à 787 000 morts

Ce genre de manipulation des modèles épidémiologiques, simple, est certainement plus persuasif que la communication qui nous est offerte, en tout cas c'est mon avis.


Jouer sur les facteurs
  • Réduire la probabilité de transmission, avec les "gestes barrière", les masques, se laver les mains, etc. Pas besoin de trop s'attarder là-dessus je pense. Quoique... comment se fait-il que nous connaissions une pénurie de masques, par exemple, alors que nous avions un large coup d'avance par rapport à la Chine où l'épidémie s'est déclenchée, et que nous étions supposés "être prêts" ?
  • Réduire les possibilités de contact : ça repose d'abord sur l'isolation des cas, et donc sur le diagnostic. Il faut tester massivement, et c'est ce qu'a fait par exemple la Corée du Sud, qui est parvenue à maîtriser l'épidémie à la stupéfaction générale sans qu'aucune leçon n'en ait été tirée. D'ailleurs, personne ne semble vraiment s'y intéresser. Bien évidemment, plus tôt on prend le problème en main, plus il est facile à gérer. Au-delà d'une certaine dispersion, il devient illusoire d'isoler les seuls cas, et on se retrouve à devoir confiner toute la population. Mais, il fallait manifestement aller au théâtre ou aller voter.
  • Mais on peut aussi jouer sur la durée de la phase infectieuse. Il est bien évident que si on peut transmettre le virus pendant 20 jours, le problème n'est pas le même que si on ne peut le transmettre que pendant 4 jours. (Essayez dans le simulateur, on passe de 1728 à 127 morts). Or, il y a semble-t-il une possibilité avec l'utilisation de la chloroquine.

Passons un peu de temps là-dessus. Le 17 février dernier, Zhong Nanshan, a partagé l'expérience chinoise lors d'une conférence de presse. Il a notamment précisé que l'utilisation de la chloroquine permettait chez de nombreux patients de les voir passer non porteurs du virus au bout de 4 à 5 jours. On est bien d'accord que les médias français parlent du sujet toute la journée? Pas un média français n'a repris cette information. Rien ne vient de l'expérience de la Corée du Sud, rien ne vient non plus de l'expérience chinoise. On n'a entendu parler de la Chine que quand les médias ont pu nous raconter que les Chinois pensaient que le virus avait été amené en Chine par les USA : car les Chinois, en plus d'être Chinois et communistes, sont complotistes. Je ne sais pas quelle est la part d'incompétence là-dedans, mais l'autre part est certainement du racisme.


Au 17 février, sauf erreur de ma part, il n'y avait eu en France que 11 cas épars et ciblés sans emballement épidémique. Ces informations étaient donc disponibles, et même avant de constituer un comité scientifique, les décideurs devaient être capables de comprendre ce qui m'a coûté quelques clics pour découvrir l'article notamment de M. BOELLE. Le Pr RAOULT publiait une vidéo où il exhortait déjà à tester, tester, tester, isoler les cas et traiter. Il faudra bien expliquer pourquoi on a eu cette mascarade de communication à la place, qui perdure encore, d'ailleurs. Chérubin appelle Caligula! On aime quand un plan se déroule sans accroc. Chérubin appelle Caligula!




On s'offre un petit bonus ? Quel est le coût de la stratégie de la Corée du Sud pour juguler l'épidémie ? Quel sera le coût de la stratégie, si on peut parler de stratégie, française ? Sur un plan strictement financier, je serais très étonné que la stratégie française coûte moins de 1000 fois plus cher que la coréenne... Et c'est sans compter évidemment toutes les incidences non (ou indirectement) économiques... On peut donc s'attendre à un retour de bâton très féroce d'un point de vue social, et c'est quelque chose qui tue aussi beaucoup. Ah, vraiment, je serais bien curieux de savoir où L'express a trouvé ces 51% !

jeudi 19 mars 2020

La visite du Grand Bombyle

Confinement oblige, il faut que la nature y mette un peu du sien pour venir à nous. C'est le cas par exemple de ce Grand Bombyle, assez farouche tout de même. On dirait une sorte de Winnie l'ourson miniature et volant. On dirait aussi un bourdon mais c'est une "mouche". Il cache assez bien son jeu : la femelle va pondre dans les nids des abeilles solitaires, ne lésinant sur aucun artifice pour échapper à la piqûre (par exemple en se couvrant de sable), afin que le petit Grand Bombyle ayant éclos, il puisse dévorer les réserves constituées par l'abeille, puis purement et simplement la larve de l'abeille. 


On retrouve ce comportement chez d'autres espèces. L'abeille solitaire peut faire penser au promeneur solitaire qu'était Rousseau, et le Grand Bombyle au Grand Philosophe qu'était Voltaire. Je dis Grand Philosophe parce qu'il a écrit ceci qui peut faire oublier son immense fortune acquise notamment dans les fournitures militaires : "Un pays bien organisé est celui où le petit nombre fait travailler le grand nombre, est nourri par lui, et le gouverne." Guillemin citait tout le temps cette phrase, un peu à tort et à travers peut-être. Toujours est-il que les honnêtes gens méprisaient la pensée de Rousseau qui était celle d'un "gueux", et "faite pour les rues basses" [de Genève, c'est-à-dire : la populace]


Stratégie du parasitisme économique. Bon. Ce Grand Bombyle ne sait pas, lui, ce qu'il fait, et on lui pardonnera volontiers. Il vient butiner les jacinthes, et c'est toujours ça. 



mardi 17 mars 2020

On va tous mourir



Ce n'est pas une surprise, mais c'est toujours bon à rappeler. Surtout, on en ignore encore la cause et plusieurs hypothèses tiennent aujourd'hui la corde :
  • le coronavirus
  • la faim après que les paniqués ont vidé les magasins
  • l'incompétence gouvernementale
Milan royal

Telle est l'ambiance en ce moment, alors que le temps est magnifique, le printemps arrive, les oiseaux chantent, les fleurs poussent, youkaïdi youkaïda. Mais non. Cela dit, de la maison, on peut observer de drôles de personnages tout de même, et ils sont bien dans le thème. Jugez plutôt : deux charognards et un papillon nommé Robert-le-diable. Bigre! En dehors de ces mauvais présages qu'ils augurent, ça fait plaisir de les voir. Plusieurs (au moins deux) Milans royaux sont passés par-dessus Chapa hier, en probable migration vers des contrées plus ou moins lointaines. Ils mangent volontiers des micromammifères, mais enfin ils sont tout aussi volontiers charognards. Leur cousin Milan noir, lui, est arrivé la semaine dernière pour passer l'été ici. Également tout à fait opportuniste et charognard. On attend maintenant une nuée de Vautours fauve, venir se poser sur les panneaux de commune, et le tableau sera complet.


Peut-être, peut-être en réchapperons-nous... Mais enfin il faudra bien reconnaître que ce sera du au hasard. A priori, face à l’épidémie, il y a deux stratégies :
  1. laisser courir, attendre que 50% de la population soit touchée, pour qu'une immunité se développe, et à 75% de la population touchée, le virus est KO debout
  2. diagnostiquer, confiner les malades et traiter 
Robert-le-diable

Apparemment, les Anglais ont choisi la première option. C'est pas idiot, m'enfin c'est un peu joueur. Ou alors, il faut avoir trop de vieux et vouloir s'en débarrasser. Peut-être ont-ils été conseillés par Jacques Attali, ou un équivalent local. Toujours est-il qu'il y a une vieille qu'ils ont tout de même mis dare-dare au frigo, c'est la Reine. Joueurs mais jusqu'à une certaine limite.


La deuxième stratégie semble avoir été choisie par la Chine ou la Corée du Sud. Apparemment aussi, ils ont gagné. Nos chers médias expliquent évidemment que c'est parce que la Chine c'est une dictature, et pour la Corée, eh bien on voit passer des articles qui s'étonnent : mais comment diable ont-ils fait? On est à deux doigts de lire chez nos grands défenseurs des Droits de l'Homme : "ce ne sont que des chintoks après tout". Bref, la démocratie et la science ayant pour siège social Paris, nos éditocrates ne peuvent concevoir que la France soit à la rue. 

Milan noir

La France a choisi une stratégie tout à fait étonnante qui consiste à dire au pays de faire comme si de rien n'était, pour ensuite engueuler le pays de faire comme si de rien n'était. Quels sont ces cons qui sont allés voter dimanche? Peut-être ceux à qui on a demandé d'aller voter? C'est juste une hypothèse. Bref, c'est du grand n'importe quoi. Et ça n'inspire aucune confiance. Du manque de confiance à la panique dans les supermarchés, il n'y a qu'un pas. Bon. 


En février, le Professeur Raoult, un des experts mondiaux des maladies infectieuses, présentait des études asiatiques ainsi que son travail. Hier, il a publié les premiers résultats d'une étude menée sur 24 patients infectés, qui montre que le traitement qu'il propose permet de réduire la charge virale de 20 jours sans traitement à 6 jours avec traitement. Ce qui change complètement la donne évidemment en termes de propagation du virus. Sa démarche et son intervention depuis le début de la crise m'ont l'air un peu plus scientifique que celle de certains "experts" sur les plateaux TV. Je crois qu'on a perdu un temps précieux, et dans cette histoire, le temps n'était pas que de l'argent, mais aussi des vies. D'ailleurs, finissons sur cette devise Shadok : Quand on ne sait pas où on va, il faut y aller le plus vite possible. Précision supplémentaire : les médias se sont empressés de crier "FAKE NEWS", ce qui est magnifique. Je ne vois pas pourquoi on s'embête avec des publications scientifiques, revues et validées par des scientifiques : l'avis d'un décodeur du Monde suffit. D'ailleurs, on ne le sait pas assez, mais c'est un décodeur du Monde qui a prouvé que la Terre était ronde, et qui a découvert le vaccin contre la rage. Où allons-nous? Nous y sommes déjà.





Et c'est ainsi qu'Allah est grand. A bientôt.

jeudi 12 mars 2020

Festival Gypa

J'arrive sur place vers 9h, et je monte tranquillement, en observant une buse variable en vol bien battu, je me dis que les conditions ne sont pas encore vraiment optimales et que j'ai le temps de m'installer. Pas du tout : le gypa est déjà là et il vient cercler dans la combe, à faible altitude. Il n'y a qu'à en profiter... 

Gros plan
Plein cadre

Le voilà qui vient se poser sur la crête rocheuse à portée non pas de mains mais de 600mm. Quelques instants assez magiques à pouvoir l'observer tranquillement là-haut, perché. Il repart, et retournera se poser une deuxième fois. 



Une observation de l'oiseau qui restera mémorable, un peu comme cette fois au Grand-Bornand, ou ici-même en Maurienne en faible lumière du soir quand il apparaissait en ombre chinoise sur cette même crête... 

Yala!

A propos de l'oiseau, il semble qu'il soit né en 2019, et qu'il soit déjà passé par ici depuis le mois de décembre, mais son nom est inconnu. De toute façon, que ce soit Gypsy, Emparis, Simay ou tous les autres, aucun ne répond quand on les appelle par leurs noms. 

Toute petite la Buse

Il n'y a pas que le Gypa, puisque sont apparus aujourd'hui, également : Autour des palombes, Faucon crécerelle, Faucon pèlerin, Buse variable, Aigle royal, Milan royal. Voilà pour les rapaces. Un surprenant groupe d'une vingtaine de mésanges bleues a passé son temps à passer, justement, d'arbre en arbre toute la matinée. 

Mésange bleue du ravissement
On n'oublie pas les bouquetins


Aller, encore 4 petites photos :

Il a l'air tout gentil, là
Heu, pas très content en fait
Session de gymnastique
Allez coco, va falloir se décider

mercredi 11 mars 2020

Les printaniers sortent de terre

Qui est à l'honneur aujourd'hui ?

Sittelle torchepot

Fauvette à tête noire
Geai des chênes
Le petit Grèbe castagneux
Et madame
Pouillot véloce
Héron cendré
Et enfin Merle noir

Et il n'y a pas que des oiseaux :

Tortue de Floride
Grillon champêtre

mardi 10 mars 2020

Oiseaux sous l'eau

J'évite la pluie le matin en allant courir, mais l'après-midi, rien n'y fait, ça tombe, alors je poursuis à l'abri ma recherche du bec cerclé, mais il ne se montre pas (s'il est encore là). En voilà un qui revient du diable vauvert, c'est le Fuligule milouinan. Pas trouvé la femelle. 

Fuligule milouinan mâle
Et puis, enfin, je photographie un Tarier pâtre "normal" : 

Tarier pâtre qui ressemble à un Tarier pâtre
Ombre d'hirondelle de rochers


Pas mal d'observations, et entre les gouttes voici les amis du jour : 

Grande Aigrette
Couple de canards siffleurs
Bergeronnette grise
Hirondelle de rochers

lundi 9 mars 2020

A la recherche du bec cerclé

Je l'attendais hier, il se manifeste aujourd'hui dans les champs de Chapareillan : le premier Milan noir est arrivé. Enfin, avec ce temps qui nous ferait croire qu'on est au mois de mars, on ira lui tirer le portrait plus tard. 

Lapinou

A l'abri ou à peu près, j'observe une bonne quarantaine d'espèces ce matin. Mais il y en a un qui me nargue : le Fuligule à bec cerclé, a priori sous mon nez sans que je ne le repère la semaine dernière, je le trouve ce matin dans mes jumelles, j'en suis sûr, et le temps  de troquer jumelles contre appareil photo, je ne le retrouve pas. Je ne le retrouverai pas de la matinée. Alors soit j'ai été victime d'une hallucination, soit d'un mauvais coup d'un fuligule qui s'est déguisé un court instant, ou bien encore il est parti se planquer. Rageant. 

Canard chipeau
Canard siffleur

Il y en a d'autres qui se déguisent. La semaine dernière, une femelle Tarier pâtre me paraissait bien étrange au point de plutôt ressembler à une femelle Tarier des prés avec un sourcil parfaitement net, mais une barre alaire plutôt type T. pâtre. Bon, il s'avère que c'était bien une femelle T. pâtre, que celles-ci ont rarement mais cela arrive un sourcil comme leurs collègues T. des prés. Soit. Aujourd'hui, je chope, un court instant, un mâle T. pâtre, pour une photo parfaitement ratée mais l'oiseau arbore un bien grand collier par rapport à ce qu'il est supposé avoir d'après le guide. Encore un qui se déguise? 

Il est supposé n'avoir qu'un "demi-collier"

Bref. Les merles eux ressemblent bien à des merles. A la différence des Etourneaux qui ressemblent parfois à des merles, mais la différence de coloration semble plutôt due à leur âge, les oiseaux qui terminent leur premier hiver sont plus clairs que leurs aînés. Je note également un retour d'un Martin-pêcheur à l'observatoire, après plusieurs semaines sans l'y avoir vu ; mais, il fonce assez rapidement vers un perchoir occupé par une corneille. Il ne s'en rend compte qu'au dernier moment et est bien obligé de battre en retraite piteusement, et il disparaît dans le bois.

Madame Merle noir

Monsieur Merle noir

Enfin, un lapin bien curieux me fonce dessus, trop vite pour l'auto-focus, mais il prend la pose avant une dernière averse qui me fait plier bagage.

Lapin

dimanche 8 mars 2020

Le printemps pointe

Les signes s'accumulent. Après les grenouilles, les tortues Cistudes d'Europe sortent de leur torpeur. Les Milans noirs sont annoncés plus très loin de la maison, mais pas encore vus ceux-là. 

Cygne tuberculé
Cistudes d'Europe

En attendant, juste un petit tour au soleil aux Mottets, où il y a beaucoup de monde mais le site permet malgré l'affluence à la faune sauvage d'avoir ses espaces de relative tranquillité et donc de ne pas tous prendre la poudre d'escampette. L'omniprésent du jour est le Pouillot véloce, qui crie, qui chante partout, et qui s'active en d'innombrables allers-retours depuis ses perchoirs. 

Pouillot véloce
Nette rousse

Le Martin-pêcheur aussi est là, passe et repasse, pas plus perturbé que cela par les perturbations (un gamin qui court (sans le savoir) droit sur lui, par exemple). On le capture d'un peu loin. 

La Flèche bleue, plutôt orange pour le coup
Grenouille verte

Et puis voilà.