Afficher On pense avec les pieds sur une carte plus grande

mercredi 29 janvier 2020

Marche avec les loups

Je n'ai fait qu'une sortie Loup depuis le début de l'année, mais ce n'est qu'un début. Elle s'est avérée bien pauvre, d'ailleurs. A une autre occasion, de manière tout à fait fortuite, un indice de présence s'était montré de lui-même. Et encore ailleurs, le Lynx avait laissé ses empreintes dans un secteur que je voulais déjà prospecter. Bref, il y a du pain sur la planche, et il est difficile de jouer sur tous les tableaux. 

Canis lupus

Mais, en trois jours, le niveau est monté. Par rapport à quoi? Par rapport à une centaine de loups dégommés en 2019, déjà. D'abord, le film de Jean-Michel Bertrand. Après le formidable Vertige d'une rencontre sur l'aigle royal, et La Vallée des loups, son nouveau film Marche avec les loups est sorti. Alors la Région a financé le film, mais enlève son logo pour ne pas heurter les éleveurs. Lesquels, notamment dans les Hautes-Alpes, sont fous furieux, et appellent à manifester contre le film. Jean-Michel Bertrand a reçu des menaces de mort. Bon. Le niveau ne peut que monter. Mais, ce n'est pas le ministre Castaner qui va y contribué : à l'heure qu'il est, il est certainement dans l'arrière-pays avec ses amis armés jusqu'aux dents pour "buter du loup" (ou du gilet jaune si l'occasion se présente, mais c'est autre histoire, ou peut-être un peu la même...)



Quelques mots sur le film : il est formidable. Parce que les images sont magnifiques, des Alpes au Jura, et avec ces séquences animalières qui captent des moments de vie sauvage comme on en est rarement témoin, pour ne pas dire jamais. Bon, mais ce que je trouve le plus pertinent est l'exposé de la démarche, justement, du réalisateur. Ça fait envie, de partir dans la montagne et de suivre le loup à la trace. Encore faut-il en être capable aussi. Qui ne serait pas terrorisé par le sanglier nocturne? Ca me fait penser à ces randonneurs dans les Pyrénées qui étaient repartis en pleine nuit et peut-être même pieds nus mais à toutes enjambées dans la vallée après avoir entendu un "ours" grogner près de leur tente, ours qui était probablement un ongulé mais enfin passons. Réfugiés dans une chapelle je crois, pour le symbole on n'aura pas besoin de repasser. Car le sauvage fait peur. Et appelle la raison à le détruire, et, quand ce n'est pas possible, à aller se rassurer auprès d'on ne sait quel Dieu... Jean-Michel Bertrand cherche le loup, mais amène à rencontrer le sanglier, le renard, le blaireau, la guêpe et la fourmi. 75% des Français sont favorables au loup. Le sondage n'existe certainement pas, mais on doit être à 99% des Français qui dézinguent les guêpes à tout va. Comment accepter le loup si la guêpe nous insupporte? Comment donner la leçon aux bergers après ça?


Le loup, réédité en 2017
Hier soir était organisée une conférence de Jean-Marc Landry (son site), spécialiste du loup, à Chambéry. Sa démarche à lui me semble enchaîner. Il cherche une "troisième voie", celle inspirée de la "diplomatie" évoquée par Baptiste Morizot (encore un livre à lire). Le loup, explique-t-il, est là et va le rester : il ne sert à rien d'être pour ou contre. Il faut pouvoir cohabiter avec lui. Il nous a présenté son travail, qui consiste à connaître le loup pour pouvoir accompagner et aider les éleveurs à y faire face. Et son travail, considérable, fait considérablement monter le niveau. Alors, lui aussi est menacé de mort. Donc, d'un certain côté, il semble difficile de faire monter le niveau. Pour tous les autres, en revanche, il est précieux. Par exemple, on entend beaucoup de scientifiques dire qu'un loup ne saute pas par-dessus une clôture. Bon, il montre par l'exemple le contraire : tout son travail consiste à acquérir de l'expérience de terrain, pour mieux comprendre la problématique, et aider les éleveurs en conséquence. Mais pour certains, il n'y a pas de cohabitation possible.


Là encore, parlant du loup, il dérive sur la place du sauvage. Il raconte son agression par un Grand Tétras, devenu cinglé parce que son habitat est détruit. Le Grand Tétras est en très grand danger. Nous ne sommes pas capables de laisser une place au sauvage. C'est ce qui alimente en grande partie les problèmes que le sauvage nous cause en retour. Coup sur coup, on a vu en faits divers des sangliers coincés en centre-ville. Panique générale. 


Revenons au loup. Landry conclue qu'il pourrait y avoir beaucoup (mais vraiment beaucoup) plus d'attaques, car les loups croisent tous les jours les troupeaux. On ne sait pas trop pourquoi il n'y a pas plus, toujours est-il que le loup s'attaque beaucoup plus à la faune sauvage qu'aux troupeaux domestiques. Il semblerait que certaines Fédés de chasse aient diminué le nombre d'ongulés prélevés dans certains secteurs à haut risque, de manière à laisser le loup "faire le boulot"pour qu'il laisse les troupeaux tranquilles. Comme quoi tout n'est pas perdu, certains peuvent se raisonner...


C'est la marche à suivre.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire