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mardi 2 juillet 2019

Le vertige d'une rencontre

Je reprends le titre de Jean-Michel Bertrand à propos de l'aigle royal pour une autre espèce qu'il a aussi contribué à réhabiliter avec son film La vallée des loups. C'est bien de ça qu'il s'agit. 

Depuis ma rencontre avec un lynx il y a quelques années, ce que je pensais si peu probable autant dire impossible est devenu un des objectifs de mes explorations. Non seulement le lynx, mais bien, au-delà des autres animaux, les grands prédateurs aussi décriés que fascinants. L'ours est plus loin de la maison, mais lynx et loup sont juste à côté...

Pour le loup, j'ai quelques secteurs aux alentours où je découvre très régulièrement pour ne pas dire systématiquement, depuis des années, des indices de présence ; mais il reste insaisissable. Ca m'importe d'ailleurs peu, faute de quoi j'aurais abandonné ces recherches depuis longtemps ; il me suffit de vérifier savoir penser qu'ils sont là. C'est comme cette multitude de traces de passage de renard découvertes dans la forêt ce printemps, qui signifiaient leur bonne forme et qui s'est concrétisée avec 4 renardeaux devant mon piège photo. L'absence d'image n'aurait rien gâché. Mais leur présence apporte beaucoup.

Ce jour-là, donc, j'avais une idée en tête, pas forcément précise, mais je voulais faire l'effort. J'y suis donc allé, et, arrivé sur place, en vint à prendre toutes les précautions possibles pour me rendre inexistant dans la montagne, comme s'il y avait plus d'une chance sur un million que ça serve à quelque chose. 

Mais ça a servi. Et en débouchant d'une croupe boisée vers un vallon partiellement déboisé, je vois une "ombre" passer sur ma gauche, fugace, avant de passer derrière quelques arbres. Si j'ai bien vu ce que j'ai cru voir, je vais le revoir après ce petit bosquet. C'est à 50 mètres que ça se passe, devant moi. Le vallon coupe mon cheminement à la quasi perpendiculaire. Si j'avais eu le temps de penser, j'aurais pensé à mille choses, mais non : il repasse à découvert et sous mes yeux que je crois comme je peux.

Le souffle un peu coupé je le regarde passer. Il ne m'a pas vu, peut-être pas même senti car j'étais du bon côté niveau vent, en tout cas il n'a pas peur et file en faisant d'un pas de loup un parfait contresens. Plusieurs secondes après sa disparition, j'ai entendu ses pas faire résonner le sol creux, un peu à la manière des bouquetins qui ne sont pas toujours des maîtres de discrétion et qui font deux fois le poids du gros toutou. Il est décidé, il va droit où il doit aller et il y est d'ailleurs déjà. 

Rien à voir la rencontre du lynx qui, à la tombée de la nuit, m'avait vu en même temps que moi je l'avais repéré, et avait toléré ma présence pendant plus d'une demi-heure. Le loup, lui, n'est passé que 3 secondes et encore devant moi. Mais c'était vertigineux. 

Je reste figé sur place, pensant que d'autres peuvent le suivre, mais rien ni personne ne passera, et une fois ma route reprise, celle du loup est déjà loin hors de ma vue, sans doute... 

Et c'est ainsi qu'Allah est grand.



(ni photo - je n'ai de toute façon pas eu le temps d'en avoir l'idée - ni évidemment localisation)

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