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mercredi 28 décembre 2016

Le Granier par le Pas des Barres

Le Granier enfin ! Depuis le début de l'année ce ne sont qu'interdictions et empêchements ; pas aujourd'hui. Petit souci matériel pourtant, au sortir de Chapareillan avec une camionnette qui profite du rétrécissement de la route pour me casser mon rétroviseur. Et bam ! La journée commence bien.

Bouquetin
Me voilà malgré tout aux Plagnes vers 8h30, prêt à y aller, mollo l'asticot. Je pense en arrière, autant dire que je pense dans le rétroviseur. Et ça bougonne et ça bougonne. Impossible de ne pas regarder ce passé. Il est pourtant cassé, on ne voit plus rien dedans !...
  
Chamois pas contents

Je monte, tout seul, pas même un écureuil pour gambader ici ni là, et voici l'Alpette. Tiens, si je prenais pied au pied de la falaise, plutôt que suivre le sentier balisé ? Je vais au Pas des Barres : je n'ai malheureusement aucune idée de la praticabilité de cet itinéraire improvisé. Je tombe assez rapidement sur une sorte de sangle, mais plus rapidement encore sur une troupe de chamois que je dérange bien involontairement. Au lieu de discuter pour savoir où je souhaite aller, ils s'enfuient dans la direction que je dois prendre.

Mer de nuages, au pied des falaises

C'est que je ne suis pas que moi. Je suis aussi beaucoup d'autres. Et les chamois reconnaissent en moi plutôt les autres que moi. C'est con. Chassés (pas eux ! leurs confrères) depuis la nuit des temps par les bipèdes (mes confrères ! pas moi), ils agissent comme il se doit. Nonobstant mon intention qui n'était certes pas de les zigouiller. Finalement, ils sont assez identitaires les chamois. Ils seraient du genre à flinguer un musulman en étant convaincus qu'il préparait un sanglant attentat. Ils savent pas les chamois que j'ai autant de molécules de chamois en moi qu'ils ont de molécules de bipèdes ou de pissenlit en eux, bref qu'on n'est pas ce qu'on est tant qu'on ne l'est pas devenu. Aucun de ces zouaves n'a lu Nietzsche ni écouté les chroniques de Nicole Ferroni.

Sur le "sangle"

C'est désespérant, mais les bouquetins ne font pas mieux. En voilà justement un, perché dans les falaises, qui observe la scène. C'est la première fois que j'observe un bouquetin en Chartreuse, je ne les y avait encore pas croisés. D'ici, je serais bien incapable de donner son nom, mais le connaît-il seulement ? Toujours est-il qu'en passant sous lui, le bougre envoie de la caillasse. Comme tant de bouquetins avant lui ! Aucune recherche d'originalité, rien. C'est désolant.

Arrivée sur le plateau

Je poursuis donc sur mon petit sangle, la vue s'étire sur la combe de Savoie majestueusement recouverte d'une mer de nuage, et tout aussi majestueusement surplombée par le Mont Blanc. L'espace des déambulations non risquées se rétrécit pourtant. Je ne risque pas de croiser une camionnette, et je n'ai de toute façon plus de rétroviseur, mais je commence à me demander s'il est bien raisonnable de continuer. Je ne suis certainement plus très loin du Pas des Barres, mais je ne le vois pas, et je ne sais pas plus que tout à l'heure si je pourrai y accéder par là.

La Croix du Granier, appelée à s'écrouler un jour ou l'autre

N'ayant aucune motivation à me retrouver subitement 30m plus bas, je décide de faire demi-tour, très proche du Pas des Barres comme je le constaterai en y prenant pied et main, mais le final de ce sangle ne me mettait pas en confiance.

Les stratus se désintègrent

Donc, les Barres. Pas si facile que ça ! Au-dessus des marches notamment, faut tirer sur les bras... Avant d'y monter, j'ai estimé que je serai capable de le désescalader. Mais... pas évident évident... Par la suite, quelques petits pas d'escalade encore, plus faciles et moins exposés, mais qui seraient encore rédhibitoires pour pas mal de monde. Et puis on débouche sur le plateau, dont toute la partie ombragée est encore enneigée.

Au-dessus des barres

Verglacée, même. Je sors les crampons du sac, qui me facilitent bien la vie : c'est plus du confort qu'une vraie nécessité. Et me voilà au croisement avec la sentier de la Balme à Colon. Je file jusqu'au sommet, en observant les chamois qui déjeunent déjà. Ils sont partout. Et tranquilles. Tiens, j'ai perdu 2/3 d'un bâton...

Petite fenêtre sur le Pinet

Du sommet, je jette un œil à la Croix, qui est dans la zone interdite d'accès. Et je me terre dans un trou pour pique-niquer à l'abri du vent mais au Soleil. Je prends la descente, et croise un randonneur qui m'indique où il a vu mes 2/3 de bâton : parfait ! Mais, malgré ma vigilance, je ne les retrouve pas. Un autre les aura certainement pris...

Retour à l'Alpette

Me revoilà donc au-dessus des barres, que je désescalade plus facilement que je ne l'aurais cru, en assurant bien toutes les prises. Et je suis à deux doigts de tomber... une fois revenu sur le sentier. Petite pause, et retour tranquille vers l'Alpette où une courte sieste au Soleil s'impose. Les gentianes sont toujours là ! La neige toujours pas tombée.



Allez, dégringolade jusqu'aux Plagnes, régler ces problèmes matériels de rétroviseur.

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