On prend ce qui vient

 Je cherche toujours le Faucon kobez, mais l'individu est récalcitrant, et a probablement quitté les lieux ; il faudra compter sur un autre zigoto pour s'offrir une photo d'un mâle (j'ai eu une femelle l'an dernier), magnifique faucon dans les tons bleus... 

Cependant, tout n'est pas perdu pour la journée. J'ai pu prendre une revanche sur la Cigogne noire. Il y a fort longtemps, quand j'étais petit, au cours d'un trajet Aÿ - Reims, j'ai observé au fond d'une clairière dans la forêt de la Montagne de Reims un oiseau fort étrange. J'ai pu le décrire assez précisément : noir, avec de longues pattes, un long bec rouge. Ces critères étaient évidents. Tout portait à croire que c'était une cigogne noire. Or, pour moi, à l'époque, n'existait que la Cigogne blanche. Qu'est-ce à dire que ceci? On m'a dit que je m'étais certainement trompé dans mon observation. Bon. 

Plus tard, découvrant l'existence de la Cigogne noire, je me remémorai cette ancienne observation et l'énigme était résolue. L'oiseau est bien rare, mais la Champagne est un de ses quartiers de prédilection (présent en France dans le 1/4 Nord-Est, en gros). C'était donc bien possible. 

Ce matin, bredouille de kobez, je croise un comparse ornitho, bredouille également. Nous continuons nos chemins respectifs après qu'il me dit : "On prend ce qui vient". L'instant d'après, je me tourne et je découvre un immense voilier (le pauvre Milan noir à côté était tout ridicule) qui prend de l'altitude au-dessus de la plaine. Je bloque un peu, et ne pense pas un seul instant à la Cigogne noire. J'écarte la blanche, et pense donc à une Grue cendrée mais que diable ferait une Grue à cette date à cet endroit? Malgré cette incohérence, mon esprit continue à boycotter la Cigogne noire. Et puis, je n'ai pas de matériel, ni jumelles, ni appareil photo pour l'observer un peu mieux. SMS aussitôt envoyé au comparse pour lui dire "Une grue!? "ce qui vient"!". Délirant.

Il m'indique alors que c'est une Cigogne noire. Je n'en reviens pas. On reste stupéfaits. Je la suis, incapable de discerner ses motifs ni couleurs. Elle donne l'impression de redescendre, et finalement, elle traverse le village et va prendre le thermique pour ainsi dire au-dessus de la maison, régulièrement emprunté par bon nombre de rapaces. Je file en 4e vitesse à la maison, récupérer l'appareil et prendre la photo avant que l'oiseau ne disparaisse... 

Exceptionnelle observation! 80 couples estimés dans toute la France pour cette espèce forestière extrêmement discrète. Un très bel oiseau. Un peu frustré de n'avoir pas eu mon appareil quand il est passé relativement proche de moi, mais l'essentiel est ailleurs. 

Cigogne noire

Et une deuxième image