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lundi 5 août 2019

Col de la Madeleine


Pour ainsi dire une vingtaine d'années que je n'ai pas mis les pieds sur un vélo, c'était pour monter le Col du Galibier depuis Valloire. Le défi du jour est donc le col de la Madeleine. Résumons-nous : 
  • 19 km
  • 1522m de dénivellation positive
  • 8,01% de moyenne et passage à 13,5%

C'est du costaud. Je m'attends à avoir la caisse pour gravir un tel morceau, mais à souffrir du côté "vélo". On verra bien. Nous partons à 4 de Saint-Jean-de-Maurienne pour cette ascension épique. La petite quinzaine de kilomètres jusque La Chambre pour ennuyeuse qu'elle est, permet de sortir du lit en douceur, de s'échauffer, et de s'habituer à être sur un vélo. Difficile surtout d'être si haut, c'est une drôle de position. 


Dès les premières "pentes" du parcours, je sens que ça tiraille au dessus du genou droit, et dès les premiers mètres du col de la Madeleine, je sens que les ischios sont bien tendus... Nous ne partons pas la fleur au fusil et il s'agit de partir "tranquillement" avec l'objectif de finir ce col, ce qui serait déjà une belle performance.


C'est ainsi que je me mets à mouliner et à caler mon rythme un bon cran sous le seuil d'essoufflement, en pensant alors pouvoir tenir plusieurs heures d'effort. Après le premier kilomètre ainsi parcouru, je me rends compte que je prends de l'avance sur les collègues et imagine qu'ils pourront vite me récupérer. Mais, après avoir pris un deux trois lacets d'avance, il devient évident que non. Niveau souffle, ça roule ; alors j'opte pour la montée à mon rythme histoire de mesurer ma montée. J'accélère donc légèrement tout en restant sous le seuil, et je commence à déposer à ma grande surprise des cyclistes. L'habit ne fait pas forcément le moine, mais eux sont habillés en cyclistes alors que moi j'ai plutôt l'air d'aller à la plage. 


Ca m'interroge quelque peu, mais je me sens tellement facile que je poursuis sur ce rythme : respiration calme, mains posées en haut du cadre, pas un écart de trajectoire. Les kilomètres passent, et je commence à songer à boire et manger un peu. Arrive alors le kilomètre annoncé à 11% de moyenne. Tout va toujours bien, mais les ischios commencent à tirer de plus en plus fort. Encore un cycliste, en rose celui-là, devant moi. Je ralentis pour le doubler le plus lentement possible au plus fort de la pente. 


Dans cette première partie d'ascension, j'ai réussi en effet à me canaliser, et à ralentir dès que j'avais tendance à m'emballer, afin de ne jamais dépasser mes limites et ne pas me mettre dans le rouge. En rando les pieds sur terre, je n'ai pas vraiment cette occasion de titiller VO2MAX. Je m'oblige ici à être raisonnable. Avoir avoir dépassé ce cycliste rose, j'arrive sur une partie plus facile et je ralentis encore pour me restaurer avant la dernière partie de l'ascension.


C'est aussi facile niveau respiration que difficile pour les ischios. Et là, je commence à me dire que je n'arriverai pas en haut. Rester assis sur cette selle devient d'ailleurs extrêmement pénible. Idem pour les cervicales. Et je n'ai fait que la moitié de l'effort... On en vient je crois inévitablement à penser qu'il faut être sacrément tordu pour se lancer dans une pareille aventure. M'enfin je veux aller au bout. 


Alors je m'accroche et je lutte contre les douleurs qui gagnent les mollets. Je me concentre sur ma respiration pour rester "facile". Ça marche globalement bien jusqu'à la sortie de la station. Mais les derniers kilomètres vont s'avérer très difficiles et m'obligent à quelques passages "en danseuse" pour détendre les muscles. Le "cycliste rose" qui était resté quelques lacets plus bas commence à me rattraper doucement. La vue du col doublée de l'envie de ne pas se faire rattraper par quelqu'un que j'ai doublé (ce qui aurait voulu dire que je n'ai pas su gérer mon effort) me permettent de finir aussi vite que possible et de poser le vélo à presque 2000m d'altitude, enfin! 


Je ne remarque pas tout de suite le Mont-Blanc. Plutôt le petit resto parce qu'il fait faim. En attendant, je marche, je marche pour détendre ces satanés muscles. Et puis je regarde le petit monument "Col de la Madeleine - 2000m". Épique terrible dantesque cette montée. Les 3 collègues auront connu des fortunes diverses mais c'est une autre histoire.


Je mets environ 1h50 pour gravir ce col, sans trop savoir ce que vaut ce temps, même si personne ne m'a doublé et que j'ai doublé pas mal de cyclistes. Assez content en tout cas d'avoir relevé ce défi. Les pâtes carbo font un bien fou. La descente m'est beaucoup plus pénible, je ne suis pas du tout à l'aise en me sentant prêt à basculer vers l'avant à tout moment et subissant le moindre relief de la route, et sur le bas, le vent latéral violent. 


La petite rando du lendemain effacera toute courbature. On ne fait pas ça tous les jours, mais ça en vaut la peine!

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