A
peine rentré de notre promenade aquatique dans le Cernon, je prépare
dare-dare mes affaires. L'idée est d'aller bivouaquer en Belledonne. Vu
l'heure, je me laisse 2h avant la nuit. Je pense atteindre le lac du Loup,
pour le bivouac, et aller à la Croix de Belledonne le lendemain.
18h
quand j'arrive au Clos. Quasiment 1000m de dénivelé en perspective. Va
falloir y aller ! La stratégie est simple : je pars à fond et
j'accélère progressivement. Je passe tambour battant mais silencieusement (ce
calme!) le refuge de Pré Mollard, la crête de Mont St Mury, et le lac de la
Sitre. Envie de faire la pointe, mais il est tard. J'enchaîne vers le Col du
Loup. Enfin, pas vraiment, puisque le Col n'est pas l'endroit où le sentier
nous fait passer, peu importe.
19h10 :
j'y suis ! Bigre ! 1h de marche et les pauses photo. Chargé du
matériel de bivouac et à 18h, c'est pas mal ! La superbe crête encore
magnifiée par les couleurs du soir menant à la Petite Lance du Crozet
m'appellent ! Mais... mais... Mais il est tard, je veux planter la tente
et manger avec la nuit. Mais le vent est trop violent. Quel con ce Venturi !
S'il n'avait pas existé, jamais le vent n'aurait eu l'idée de s'engouffrer
comme ça aux cols.
Bref, je descends vers le lac du Loup, 3 pas à peine suffisent en effet
à éteindre tout souffle d'air. J'ai les yeux fixés sur les Dents du Loup,
grandioses de ce côté-ci (bien plus que côté Crozet). Quelques bruits de
pierre, quasiment les premiers sons que j'entends. Un chamois mange sans
m'attendre. D'autres se promènent sur les crêtes.
Je
trouve un endroit pour bivouaquer. Vite ! Vite ! Monter la
tente ! Manger ! Coucher de Soleil ! Il est superbe,
par-delà le Vercors. Un randonneur est monté sur un éperon rocheux
improbable, venant probablement du Crozet, et se met à hurler des choses.
La dernière, je crois, est : « il fait froid ». Oui ! Duvet
magique ! Quelques morceaux de Sigur Ros et je m'endors bientôt.
A
minuit 37, je crois qu'un loup fait le tour de la tente. Évidemment. Bon. Je me
réveille bien avant le Soleil, et je l'attends. Aux premiers rayons sur
Chamechaude, à 7h15, je suis prêt à partir. Descente ! Vers le lac du
Crozet. Assez bizarre, pour les jambes, de commencer par descendre. Enfin
j'arrive vite au lac.
Je
passe le lac, pose tente et duvet derrière un gros rocher, et monte à la
Croix. La Pra, très vite atteinte, au-delà, la fatigue de la veille se fait
un peu sentir. J'ai un peu de mal à monter aux Doménons, et plus encore dans le
névé de la Grande Pente (il reste un peu de neige tout de même). En me retournant,
j'observe un troupeau au soleil. On dirait des mouflons ?!
Banco ! Ça alors ! D'où viennent-ils ? Du lac de
Belledonne ?
Les
dernières pentes vers la Croix seront laborieuses, malgré le plaisir de marcher
dans quelques névés persistants, et entre les lacs gelés.
J'allais toucher la Croix des mains, quasiment, quand 2 bouquetins
apparaissent. Quelle belle surprise ! L'un d'eux vient vers moi. Je
photographie la Grande Casse, et ils s'en vont, au bout de quelques
minutes
9h40
au sommet. Malgré la fatigue, je suis quand même allé assez vite... J'y
passe un long moment. J'avais envisagé revenir par le Pic du grand Doménon,
la Grande Lauzière, les lacs de la Pra. Bon, une autre fois. Je vais
pique-niquer aux rochers rouges et ça ira très bien.
Ils
sont beaux ces rochers rouges. La dernière fois, ils étaient peuplés de
bouquetins, pas là. La dernière fois, j'en étais descendu facilement, pas là.
Mes souvenirs m'ont porté à descendre très proche des falaises. Il fallait
revenir en arrière. Ce qui est fait, finalement, et sans encombres.
Dans
le névé de la Grande Pente, je repère la sente qui amène au Col de Freydane
puis au lac Blanc. Prochaine fois, je passe par là ! Revenu aux
Doménons, j'ai l'impression d'entendre un sifflet. Plusieurs fois. Dans le
secteur de la Grande Lance de Domène. Je cherche, de longues minutes, sans rien
apercevoir de suspect. Peut-être ai-je confondu avec une marmotte, qui siffle
en effet au passage des corbeaux.
Puis
c'est la descente express : Crozet – Trois Ruisseaux. Là, il reste
un peu plus de 3 km d'un sentier en courbe de niveau, très joli. Très étroit,
mais très joli dans la forêt. Une passerelle donne quelques émotions. Et
c'est le retours au Clos ! Fourbu ! Moulu comme dirait Don Quichotte...