J'ai eu un petit peu peur. Je suis assez froussard. Ce n'est pas la première fois. Par exemple, l'Arcalod mène 2 à 0 contre moi. La Grande Sassière 1 à 0. Le sangle des belles ombres mène donc 1 à 0 lui aussi. Le dernier cirque aura eu raison de mon incommensurable courage.
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Je reprends la montée vers le col, dans un paysage féerique perdu entre les pins et les lapiaz. Un cairn nous annonce le départ vers le sangle. C'est parti!
Il y a du gaz! La sente est étroite, les pentes herbeuses raides, mais la progression reste facile et sécurisante. Il suffit de rester concentré pour ne pas trébucher. Des moutons ont réussi à monter sur une vire supérieure.
Le cheminement est à couper le souffle. Et encore, le Soleil se fait maintenant discret, Belledonne, le Mont Blanc et les Bauges sont dans les nuages... Peut mieux faire!
Je prends mon temps, m'arrête très souvent, pour regarder en-dessous, en arrière, au-dessus. Pentes, gaz, falaises sculptées, rochers griffés par les ours : grand spectacle.
Arrive alors un cirque plus imposant, plus impressionnant encore. Le QG des moutons, qui l'ont délaissé. Il se descend et remonte très facilement, et prudemment.
Et voici le dernier cirque, le plus difficile. Très très impressionnant, trop pour moi. J'ai lu que ça passait bien, je sais bien qu'en m'approchant, je vais voir la sente s'élargir. Pourtant, je ne suis rassuré qu'à moitié. Voire moins. J'hésite. C'est que, au-delà du fond du cirque, la sente "disparaît" sur une vingtaine de mètres... Et là, chute absolument interdite. Et j'ai peur de ne pas réussir à faire demi-tour non plus. Pourtant, un chamois s'amuse dans les parages, facile pour lui.
Alors c'est l'abandon. Revenant sur mes pas, je croise un randonneur, qui y va sans le connaître. Je le rattraperai dans la descente - il est passé et raconte que la sente reste très large et que ça passe tranquillement, sans avoir à faire l'équilibriste au-dessus du vide. Eh! bien j'y retournerai...
Retour vers le col des Belles Ombres, j'hésite quelques instants à aller vers le Pinet. Le temps commence à se dégrader un peu, les brumes envahissent le plateau. Je gagne donc simplement les crêtes pour pique-niquer, au-dessus de Chapareillan.
Et je redescends par le Col de l'Alpe. Magnifique descente, d'ailleurs, sous des falaises grandioses. Une randonneuse affirme : "c'est comme les Météores en Grèce". Oui, bon, d'accord, mais sans s'enflammer alors.
Une exploration fructueuses malgré tout.