Aiguille Doran et Râteau d'Aussois la nuit d'avant |
Il y a de ces moments comme ça... Tout conspire! et c'est magique. Ah non! non! je ne suis pas conspirationniste vous pensez bien.... mais quand même!
Lumière nocturne |
Le Râteau d'Aussois, c'est un classique de la Vanoise, et un 3000m relativement bien accessible. Je voulais le faire, d'autant que je ne connais pas trop le côté Maurienne. J'ai bien fait. En chemin, je m'arrête dîner avec un bouquetin à Saint-Martin de la Porte, à la nuit tombante. Ça commence bien. Reprenant la route, la Lune se montre... je veux dire la Pleine Lune, sans doute assez proche de la Terre qui plus est. Quelle lumière! Sonate. La montée vers Orgère, point de départ pour le lendemain, est un enchantement. Clair de lune.
Sonate au Clair de Lune - Pleine Lune à son périgée |
Je gare la voiture, et reste tout ébahi : il y a une montagne toute blanche dans la nuit noire, sur son sommet. La neige? le gypse? Nein! La Lune qui éclaire les dernières pentes de l'Aiguille Doran. Tout à fait étonnant. Et l'occasion de quelques essais photo. Ce faisant, je suis interpellé par quelqu'un qui, spécialiste des papillons nocturnes, organise une chasse un peu plus bas au Refuge. Intrigant.
Chasse au papillon nocturne |
Les papillons nocturnes. Appelés aussi PMV par Philippe FRANCOZ (c'est le nom de cet entomologiste), c'est-à-dire "petites merdes volantes", m'explique-t-il. Bigre! Ce à quoi un gamin lui a un jour répondu "petites merveilles volantes". Bien vu l'aveugle. Et justement, aveuglés par la nuit et par la puissante lampe installée pour attirer ces PMV, nous observons les dizaines d'insectes tapis sur le drap blanc. Des milliers d'espèces de papillons nocturnes. Un truc de fou. Et on n'imagine pas à quel point ces PMV sont jolies. Vu de loin, c'est simplement énervant un papillon nocturne. Vu de près et pris en photo avec le matériel qu'il faut (pas le mien), c'est étourdissant de formes et de couleurs variées.
Il passe son temps en montagne. Ça le fait... Il a vu un "chat" un jour derrière le drap blanc aux papillons, qui était en réalité un lynx... il a eu cette chance que j'ai eue aussi. Et il a vu un chien, un jour, qui était en réalité un loup, dans les Bauges. Magique! J'en profite pour apprendre qu'il va demain avec la Garde du Parc National faire un constat d'attaque par un loup, hier. Maaaaa-da-da-yo! Loup y es-tu? Un jour! Pour celles et ceux que ça intéresse, il organise des sorties entomologiques un peu partout (exemple)
Bon. Il commence à faire frais, je vais me coucher, histoire d'être en forme demain matin. Difficile de dormir - Aiguille Doran, loups, lynx, papillons en tête... etc.
Départ au petit matin |
Bah! biches et jeunes |
Et une marmotte s'énerve, violemment, trop violemment par rapport à la menace que je suis censé représenter. Coup d’œil dans la direction du cri. Stupeur! Un chien qui est en réalité un... renard. J'ai espéré! j'y ai cru je l'ai tellement voulu que ce soit le loup! c'était Renard sacripant, magnifique animal qui abandonne son repas potentiel en me voyant, il file à toutes enjambées, s'arrêtant de temps à autres pour m'observer. Fou.
Je tente tout de même de progresser vers mon objectif. Des chamois me sautent devant, on dirait qu'ils m'en veulent! Hé! Désolé!... Je délaisse la géologie, qui a pourtant l'air très intéressante dans ce secteur. Trop à faire avec la faune. D'ailleurs, en contournant un rocher sans nom coincé entre l'Aiguille Doran et le Râteau d'Aussois, je découvre 2 bouquetins qui font les pitres. J'ai la complète! Oeuf, jambon, fromage. Et la cerise qui ira dessus. Ainsi que myrtilles et framboises.
Montée hors sentier |
Je n'ai pas envie de redescendre, mais je finis par m'y résoudre un peu avant 10h. J'ai en tête de passer un peu de temps sur le plateau du Mauvais Berger où un gypaète barbu a été photographié il y a quelques jours. Et puis, de rentrer par le sentier-balcon (GR5). En descendant, je croise quelques randonneurs, les premiers, dont un groupe qui fait la boucle dans l'autre sens (ce qui est à mon avis une mauvaise idée), et un vététiste qui fait de même (mais en VTT, ça passe). Je les croiserai à nouveau proches de l'Orgère.
Plus loin, je croise un couple qui cherche des encouragements. Les laissant, j'entends un cri de vautour. Tête levée - vautour décollé de la falaise. Il commence à tournoyer, les thermiques fonctionnent, il s'élève et s'en va. Je suis content, mais j'aurais préféré le gypaète! Quelques minutes plus tard, un autre vautour rejoindra le premier. Et des faucons s'amuseront. Les chocards eux se régalent contre les falaises.
Le plateau du Mauvais Berger est très joli. Il est rempli de myrtilles. Ramassage - pour rinçage et salade de fruits ce soir (car je trouverai des framboises également). Le sentier-balcon est magnifique. Il existe entre Bessans et Modane une "route panoramique" ridicule à côté de ce sentier. Quelle vue! On passe d'abord devant Plan d'Amont et son imposant barrage, puis devant Plan d'aval, magnifique de scintillements. Et on tourne vers le Col du Barbier.
Coïncidence? J'avais dans le sac Arabesques de Felix Niesche, écrivain talentueux de la "dissidence". Je lis le magnifique chapitre qu'il consacre à Christophe le Barbier de pas Séville. Hilarant. Pique-nique, il est midi. Des fourmis rouges voraces veulent participer. Pas question.
Ne reste plus qu'à boucler la boucle, par la fin du sentier-balcon et la plongée en forêt, bienvenue par cette chaleur qui commence à faire son oeuvre. Et c'est le retour au Refuge de l'Orgère.
Il est clair qu'elle restera dans ma mémoire, celle-là!